J’ai jonglé longtemps à savoir si notre weekend annuel de camping avait le droit de figurer dans mon blog voyage. Puis je me suis dit, que je n’aime tellement pas le camping, que ça serait un peu trop facile de juste le discriminer au profit de destinations exotiques que nous avons fait ou qui figurent dans notre bucket list. Qu’elle genre de blogueuse-voyage serais-je si je ne parlais que de ces superbes destinations aux eaux cristallines, de condos aux planchers de marbre, de sirène au sourire magnifique et des paysages cycladiques? Alors je me lance, parlons de choses vraiment sérieuses, le camping.
Je ne vais pas renier mes racines, je suis une fille du « Nord », une vraie! J’ai pêché, chassé, et dormi à la belle étoile. Mais disons que pour les gens qui me connaissent moins, je suis la parfaite citadine montréalaise jetset (bon j’avoue, un peu moins jetset depuis que j’ai un couvre-feu à l’heure où ferme la garderie!!) qui ambitionne de se balader, avec sa fillette, dans les plus beaux endroits du monde.
Mais, il n’en reste pas moins, que je suis née en Abitibi, grandit dans un petit patelin et que je participais à des concours de pêche au Lac-St-Paul avec mon père. Avec ce genre de background, on pourrait croire que j’étais toute désignée à devenir une adepte du camping. Mais non.
Donc, l’année passée, je me suis donnée comme défi, d’amener Maïara, qui connaît que trop bien le confort des hôtels et des vacances idylliques, chaque automne, en get-away-weekend-mais-pas-à-l’hôtel. Sortir de notre zone de confort. Mais pas trop, tout de même! Alors, c’est dans une tente Uttopia, dans le parc du Mont-Orford, que nous avons élu domicile pour deux nuits. Certains diront que dans une tente équipée d’un poêle-frigidaire-chauffage d’appoint ce n’est pas vraiment du camping, mais moi je dis qu’étant maman toute seule avec sa fille, bien c’est suffisamment sauvage à mon goût. Faut pas oublier qu’en octobre, y fait frette! Ça ajoute une coche au degré de difficulté.
Donc, 18:30, on est prête à partir. L’auto est autant chargée que si l’on partait deux semaines en roadtrip. Ça fait cinq minutes que l’on roule sur Sherbrooke, et Maïara s’exclame : « Maman, j’ai envie de caca! » okay, no panique, on va retourner à la maison. 19:00, c’est un second départ et c’est par un superbe vendredi soir d’octobre, 21h00 que nous avons fait le « Check-in » au Mélèze 130! Même si c’était exactement le même spot que l’année passée, j’ai encore rushé à localiser notre tente dans l’obscurité. Comme dit Maïara: Super!
Pendant qu’elle dort dans la voiture, j’en profite pour débarquer nos affaires, dans le noir… Puis, on enfile plusieurs couches de pyjamas et nous voilà prête pour la nuit. En ouaille dans le sleeping bag, pis dodo.
Samedi 6:30, Maïara, réglée comme une horloge, me dit: Maman, lève-toi, c’est le matin! Eille, y fait à peine 10 degrés dans la tente. Bon gogogo, ouvre tes ti-yeux pis dépêche-toi à partir la bouilloire pour te faire un bon ti-café instant. Ça va te changer de ton Tall Skim Latte!
7:30 : on est allées à la salle de bain à 7 minutes de marche, pis on a terminé le petit déjeuner et les chocolats chauds (le café n’était pas buvable!). Et la question que je me pose à chaque fois à ce moment bien précis; on fait quoi à 7:30 sur un terrain de camping?!!
Ça ne fait même pas 12 heures qu’on est là et je suis déjà à court d’idées! Bien, on va sortir du camping, on va profiter d’être dans la région pour aller aux pommes. Et si on est chanceux, ça sera un vignoble avec des pommes ou un verger avec du vin. Rendu là, je ne suis pas trop difficile. Direction Dunham. Le GPS dit 1:35 de route, moi je dis, c’est pas grave, j’ai rien d’autre à faire!
Nous avons donc débuté notre auto-cueillette au domaine de Dunham dans les Cantons-de-l’Est. Magnifique endroit qui maintien plusieurs variétés de fruits. Poires et pommes en auto-cueillette, grilled cheese brie et pommes ainsi que jus de pommes et beignets aux pommes, sont arrivés à assouvir l’appel automnal de la pomme.
Mais le vin ? Ou est le vin? Ah, il n’y a pas de vin, mais qu’une dégustation de trucs méconnus à base de pommes en finissant sur une note plus intéressante, leur cidre de pommes. Le gentil présentateur me demande de ne discriminer aucun produit et de tous les essayer. Grrr, mais je suis bonne joueuse. À la toute fin de la dégustation, alors que les autres goûteurs et moi attendions patiemment le dernier produit convoité, Maïara s’exclame, à un niveau de décibel très élevé: « Maman, j’ai envie de caca! »
Et c’est comme ça que la vie se charge de nous priver d’un petit sip de précieux liquide!
Puis, direction vignoble Val Caudalies. Là, je suis certaine de boire quelque chose. Si on est chanceuses, on pourra cueillir des raisins en plus de déguster un petit vin de vendanges tardives que j’aime bien (Ça c’est seulement pour maman!)
Une heure plus tard, nous repartions avec un beau sac de délicieux raisins de table que le gentil garçon nous a vendu pour la somme astronomique de … deux dollars. Si j’avais su, j’en aurai cueilli plus qu’un sac! Ça, c’est exactement le genre de truc que l’on a aucune espèce d’idée de combien ça vaut un gros sac de petits raisins de table. T’arrive à la fin et ça peut te coûter 2$ comme il peut te dire que c’est 22$!
Je réalise que je ne parle pas beaucoup de camping dans mon article sur le camping. Alors on retourne au camping. 15:30, c’est le temps de partir notre feu. Hey boy. Tout dincoup que je ne suis pas capable … Armée de mes sacs Rona de bûches, de petits bois et d’allumes-feu, je m’attaque au moment crucial qui sépare les vrais des faux, c’est-à-dire, la capacité à allumer, ou non, un feu. Cinq minutes plus tard, on est toutes les deux assises, rassurées et admiratives, devant les magnifiques flammes qui réchauffent notre âme. Instantanément, Maïara sort les guimauves, un peu avant les hamburgers, et je me dis, pourquoi pas. J’ouvre ma petite bouteille de vandanges tardives.
20:00 le feu se meurt, et moi aussi! Maïara veut regarder un film sur le iPad. Puisque je n’ai rien d’autre à proposer, j’abdique.
Presque sur le point de s’endormir, Maïara s’exclame: « Maman, j’ai envie de caca! »
– Moi: « Super! Peux-tu te retenir 5 minutes jusqu’à la salle de bain au travers du sentier super noir qu’il faut traverser? »
– Maïara: « Non! j’ai envie là, maintenant! »
– Moi: « Super! »
Aweille, on sort dehors, on va à côté de la tente, avec la flashlight du cellulaire, on baisse les petites culottes pis on fait ça drette-là! Je suis parfaitement au courant que ce n’est pas très hygiénique, mais là, on n’avait pas le choix. Maïara me dit: « Maman, je vais geler mes fesses! » (Et je me dis à l’intérieur de moi, sont mieux gelées que sales!)
Ce soir-là, il a fait plus froid que la veille, c’est donc très collées l’une sur l’autre, que nous avons sombré dans les bras de Morphée.
Dimanche matin, la première chose qui me réveille c’est : « Maman, j’ai beaucoup envie de caca! » OMG, il y a un problème de tuyauterie certain! De 7:00 à 9:30, à ma grande exaspération, Maïara a urgemment pondu au moins 7-8 petits cacas à intervalle de dix minutes, à côté de la tente. (Je vous épargne les photos!) C’est là que j’ai annulé notre petite promenade de hiking prévue pour l’après-midi et que j’ai dit, aweille, on rentre à Montréal. Maïara s’exclame alors: « on va aller jouer avec les jouets et faire caca dans une vraie toilette? » Oui ma puce.
C’est en vélo, dans le parc en arrière du condo, que notre traditionnel weekend de plein air s’est achevé. Je ne sais pas ce qui a provoqué les petits problèmes de Maïara, mais définitivement, ça altère la quiétude du camping.
J’ai remis le sleeping bag à sa place, dans le fond du garde robe, jusqu’à l’automne prochain. Puis, dans mon grand lit de plumes ce soir-là, je pensais déjà à la prochaine fois…
« As-tu besoin d’un cinq étoiles, quand tu en as cinq milliards dans le ciel? »
-Richard Desjardins
Karina y Maïara 